Pierre-Stanislas Bédard, grand Patriote, est nommé juge le 11 décembre 1812.

Pierre-Stanislas Bédard naquit et fut baptisé à Charlesbourg, près de Québec, le 14 septembre 1762. Après de solides études au Séminaire de Québec, il adopta la carrière du barreau et en fut une des gloires.

Le 26 décembre 1791, le Canada était constitué en deux provinces : le Haut et le Bas-Canada. Pierre Bédard fut élu député et prit une part active à la première session ouverte le 17 décembre 1792. Par son éloquence vive et foudroyante comme celle de Mirabeau, il se révéla orateur de premier ordre et fut surnommé "le lion canadien". Avec Chartier de Lotbinière, Bourdages, Borgia et Papineau père, il prit fait et cause pour ses compatriotes et lutta avec fierté contre le despotisme de Craig et l'insolence de quelques Anglais fanatiques.

À l'automne de 1806, le Mercury publia des articles où il était dit : "Cette province est déjà beaucoup trop française pour une colonie "britannique"... Lorsque la France travaille de tout son pouvoir à franciser le monde, c'est pour nous un devoir urgent de manifester un zèle égal pour l'angliciser. Il faut faire en sorte que l'administration des affaires publiques soit conduite en anglais, par des Anglais, ou des hommes de principes anglais."

Les Canadiens résolurent de créer un journal pour défendre leurs droits. MM. Pierre Bédard, J.-T. Taschereau, Borgia et Blanchet, en furent les principaux fondateurs. Le 23 novembre 1806, le premier numéro du Canadien était publié. Au mois de mars 1810, sir James Craig, irrité de la hardiesse des articles publiés dans le Canadien, ordonna, le 19 mars, l'arrestation de MM. Bédard, Blanchet et Taschereau. Sans aucune forme de procès on les jeta en prison. (Voir la chronique du 17 mars pour complément).

De nouvelles élections ayant eu lieu, MM. Bédard et Blanchet, quoique prisonniers, furent élus députés. MM. Blanchet et Taschereau ayant été mis en liberté pour cause de maladie, Bédard demanda à subir un procès mais Craig refusa.

Après un an d'injuste détention, on annonça à M. Bédard qu'il était libre, mais ce dernier refusa de sortir, demandant toujours à subir son procès. Le geôlier, après dix jours d'attente, lui intima l'ordre de sortir. Bédard prit son temps.

Craig ayant été rappelé en Angleterre, le gouverneur Prévost le remplaça. Reconnaissant les mérites de Bédard, le 11 décembre 1812, le nouveau gouverneur le nommait juge aux Trois-Rivières.

Bédard mourut le 26 avril 1829. "Bédard fut, dit Parent, un profond penseur : froid logicien, esprit lucide, intelligence vigoureuse... c'était surtout dans la réplique que ses moyens oratoires se manifestaient..."

Élie de Salvail, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.