Les "Fils de la Liberté" aux prises avec les membres du "Doric Club" le 6 novembre 1837.

Le 5 novembre 1837, dans une nombreuse assemblée tenue à l'hôtel Nelson, sur la Place Jacques-Cartier, à Montréal, était fondée l' "Association des Fils de la Liberté".  "En avant" fut sa devise.

Robert Nelson, André Ouimet et Édouard Rodier prononcèrent d'enthousiastes discours suivis d'enlevants morceaux d'une fanfare militaire.  Puis, en procession, les "Fils de la Liberté" allèrent offrir leurs hommages à Louis-Joseph Papineau et à Denis-Benjamin Viger.

Association moitié civile, moitié militaire, elle comprenait deux sections qui devaient travailler, l'une par les discours et les écrits, et l'autre par les armes, si c'était nécessaire, à la conquête des droits revendiqués par les Patriotes, sous l'égide de Louis-Joseph Papineau.  Thomas Chevalier de Lorimier et Georges-Étienne Cartier furent les deux secrétaires de l'association.  

Les "Fils de la Liberté" s'habillèrent, pour la plupart, d'étoffes du pays. Ils avaient des assemblées publiques presque toutes les semaines et faisaient l'exercice militaire; musique en tête et bannières déployées, ils paradaient tous les mois dans les rues, au nombre parfois de cinq à six cents.  Ils avaient à leur disposition une centaine de fusils de chasse et des bâtons; ils voulurent acheter des armes aux États-Unis, mais Papineau s'y opposa.  La veille de la grande assemblée de Saint-Charles, dans leur parade, les "Fils de la Liberté" se trouvèrent au nombre de mille à douze cents hommes.  Les Anglais prirent peur et les membres du "Doric Club" résolurent de frapper un grand coup.

Le 6 novembre 1837, vers midi, les rues de la ville étaient remplies de groupes nombreux : les "Fils de la Liberté" se rendaient sur la rue Saint-Jacques tandis que les membres du "Doric Club" se réunissaient sur la Place d'Armes.  M. Édouard Rodier, le principal orateur de la réunion des patriotes, termina son discours par ces paroles : "Nous sommes maintenant les "Fils de la Liberté" mais on nous appellera bientôt les "Fils de la Victoire!".  Plus de la moitié des Canadiens s'étaient retirés quand les membres du "Doric Club" lancèrent des pierres dans la cour où avait eu lieu l'assemblée des patriotes.  Les "Fils de la Liberté" qui se trouvaient encore dans la cour s'armèrent de bâtons, formèrent quatre colonnes de deux de front et s'élancèrent dans la rue au pas de charge.  Tout d'abord, les Anglais décampèrent prestement; puis ayant réussi à se rallier, ils cherchent, mais en vain, à faire reculer les Canadiens; ces derniers, arrivés à la Place d'Armes, se dispersèrent au moment où les troupes arrivaient pour prêter main forte aux membres du "Doric Club".  Protégés par les soldats, les Anglais paradèrent dans les rues en triomphateurs, puis allèrent briser les vitres de la maison de Papineau et saccager les presses du journal "Vindicator" dévoué aux intérêts des Patriotes.

Élie de Salvail, fec, 366 Anniversaires Canadiens, 1929.